Anxiété, peur de l’avenir : comment aider son proche âgé à faire face ?

Mise à jour le 5 août 2020    -   en partenariat avec Hizy personne âgée regardant au loin
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Avec l’avancée en âge, la peur de perdre son autonomie, de la solitude, les angoisses face à l’avenir peuvent être nombreuses chez les seniors. Des sentiments exacerbés suite à l’épidémie de coronavirus. Conseils de psy pour décrypter ces différentes formes de peurs du futur, et mieux accompagner son parent âgé.

Peur de l’avenir, anxiété de la personne âgée : c’est-à-dire ?

L’avancée en âge, la perte d’autonomie, la peur de la solitude, de la maladie exacerbent les craintes pour l’avenir. « L’angoisse du futur est différente de celle du passé ou du présent parce qu’on est dans le registre de l’incertitude, sans contrôle sur ce qui pourrait se passer », explique Alain Braconnier, psychiatre, psychanalyste et auteur de La peur du futur, comment ne plus s’angoisser ?, paru en 2019 aux éditions Odile Jacob.

Le spécialiste ajoute : « Quand cette angoisse se fixe sur des événements réels comme la perte d’autonomie ou la crainte du coronavirus, on est dans le registre de la peur. Quand elle se base sur des suppositions, on est sur le registre de l’anxiété, et notamment de l’anxiété d’anticipation. J’emploie le terme de "mélancolie du futur" pour décrire ce mal de vivre face aux incertitudes d’un monde qui change et "qui va trop vite". Ce sentiment d’impuissance face aux évolutions du monde est très présent chez les personnes âgées. Elles sont inquiètes pour elles-mêmes, mais aussi beaucoup pour leurs enfants et leurs petits-enfants parce que c’est ce qui donne du sens à leur vie. »

Covid-19 et personne âgée : composer avec un avenir incertain

Malgré la joie de retrouver nos libertés individuelles depuis la fin du confinement, le doute plane sur l’avenir. Une deuxième vague de contaminations liée au Covid-19 est-elle possible ? Serons-nous confrontés de nouveau à une crise sanitaire ?

« Le coronavirus nous a tous surpris, reconnait Alain Braconnier. Révélant ou exacerbant chez les personnes les plus âgées, une angoisse de l’avenir et pour certaines, la peur de la mort. Ce deuil de la vie d’avant, la perte de repères, la peur de la solitude vécue pendant le confinement, etc. Tout cela peut être difficile à gérer dans les mois à venir pour les seniors. D’où l’importance pour l’aidant familial de se montrer vigilants et à l’écoute des angoisses de ses aînés. Sans leur dire que tout va bien se passer, mais en acceptant cette part d’incertitude et en permettant à ses proches les plus âgés de parler de ce qui les préoccupent. De leur dire aussi que quoi qu’il se passe à l’avenir, nous serons toujours ensemble et unis, même à distance. »

(Re)trouver un sens à sa vie et la capacité à rêver malgré tout

Comment aider son proche âgé à surmonter ses craintes, réelles ou fantasmées ? « Face à ce qui est de l’ordre du réel, comme avec le coronavirus, l’important pour l’aidant familial est d’aider son proche à bien s’informer. L’inciter à lire différents médias pour être au courant de ce qui se passe, relativiser et ne pas imaginer sans savoir. Car c’est aussi la méconnaissance d’un sujet qui engendre la peur. Dans les moments difficiles, lorsque l’anxiété domine, il est important d’encourager la capacité de se souvenir, d’imaginer et de rêver. On peut demander à son proche âgé de se remémorer les bons souvenirs, de les partager avec ses enfants et avec ses petits enfants. De créer ensemble de nouveaux souvenirs et des projets communs.
Cette transmission donne du sens à l’existence. Il peut être utile aussi de mettre en valeur ce qui est positif dans ce qui est nouveau, notamment dans les nouvelles technologies qui permettent par exemple de mieux communiquer à distance. La transmission de la personne âgée vers ses enfants et petits enfants est essentielle. Mais celle des petits-enfants et des enfants vers leurs parents âgées l’est aussi. Cette double transmission est source de richesses et de bien-être pour tous. »

On vous en dit plus sur Alain braconnier…

Alain Braconnier est médecin psychiatre et psychanalyste, ancien directeur de l’Association de santé mentale du 13e arrondissement de Paris, responsable de formation à la Pitié-Salpêtrière, professeur émérite de l’École des psychologues praticiens.

Dans son dernier ouvrage, La peur du futur, comment ne plus s’angoisser ?, le médecin psychiatre explique ce que signifie cette crainte de l’avenir et notamment son concept de « mélancolie du futur ». Il propose de nombreuses ressources sur lesquelles s’appuyer pour répondre aux questions que pose le monde d’aujourd’hui, vaincre ses angoisses et envisager plus sereinement l’avenir. Ecrit en 2019, et donc avant la survenue du coronavirus, il est pourtant d’actualité tant ce qu’il contient s’applique complètement à la crise actuelle.
Il est aussi l’auteur d’autres succès de librairie comme « Optimiste », « Protéger son soi pour vivre pleinement », ou encore de « Petit ou grand anxieux », également parus chez Odile Jacob.