Ateliers d’écriture : aider une personne âgée à laisser une trace

Mise à jour le 22 septembre 2020    -   en partenariat avec HIZY personne âgée qui écrit sur un cahier d'écriture avec un stylo
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Quel plaisir d’écrire ! Profiter du temps libre dont dispose une personne âgée pour écrire une histoire, raconter ses mémoires. L’idée est bonne, mais il faut parfois un coup de pouce – une piste, une technique, un accompagnement, voire un atelier d’écriture – pour faire décoller son récit. On a interrogé Florence Servan-Schreiber, auteur d’un ouvrage sur le sujet.

Les bienfaits de l’écriture

On parle du pouvoir de l’écriture. Florence Servan-Schreiber parle plutôt des « effets secondaires » de l’écriture sur notre passé, notre futur, nos sentiments et les répercussions psychologiques, et créatives… « Écrire n’est qu’un outil. C’est ce que nous allons écrire qui va entraîner différentes manifestations ».

À commencer par « la joie absolue ». L’auteur « Bloum ! Ecrire pour s’épanouir et kiffer », paru en juin 2020 aux Editions Marabout, se souvient d’une participante d’atelier d’écriture qui éprouvait la sensation de vivre une relation extra-conjugale. « Son mari était à 1000 lieues de tout ça. Cette aventure, c’était son rendez-vous. Elle menait une petite vie clandestine à l’intérieur du groupe. »

On parle alors de hobby, qui se distingue du travail justement parce qu’il a quelque chose d’extraordinaire, comme l’explique Florence Servan-Schreiber : « je suis prête à prendre sur mon temps libre, à me bloquer, à mentir, c’est presque un rendez-vous avec moi-même ».

Une habitude qui permet de ne pas perdre la tête, soit : « de décharger la cocotte-minute, de se poser des questions et d’y répondre, de s’indigner plutôt que de s’accrocher avec les gens, d’avoir un jardin secret où personne d’autre que soi ne se balade, un monde complètement libre ». Pour éprouver par la suite de la fierté, tel le jardinier une fois son potager fleurissant.

Phénomènes bloquant de l’écriture et peurs de la personne âgée

En prenant de l’âge, on éprouve davantage d’anxiété. Celle-ci doit être écartée en écriture. « Dans la consigne d’écriture, on veillera à ce que les textes ne confrontent pas la personne à ses propres peurs : la solitude, l’ennui, l’abandon. Et on l’orientera vers des récits stimulants ».

Lever les barrières de l’écrit dans les ateliers d’écriture

Avant de démarrer un premier récit, on est intimidé, c’est vertigineux de ne savoir pas quoi commencer… Dans un atelier d’écriture, on est cadré. « Les consignes canalisent. La contrainte est déclencheuse de créativité ». Et puis, elle se focalise sur ce que l’auteure appelle les « pampires » que sont la planque, la peur, la procrastination et le perfectionnisme : « Planque car on se cache derrière les autres pour ne pas écrire. Peur que soit déjà fait, pas assez bien. Procrastination par crainte de se jeter à l’eau. Perfectionnisme qui pousse à se comparer ». Mais elle le clame haut et fort, pour être la première à en bénéficier : « tous les textes publiés ont été corrigés. On n’en parle jamais et on s’insurge des retouches Photoshop. Cette crainte de ne pas être au niveau nous empêche de nous y mettre à tort. Le 2e regard est très utile et bienveillant et n’enlève rien au mérite de l’auteur ! »

Ecrire c’est jouer, travailler sa créativité

Dans l’écriture, il y a quelque chose de récréatif pas forcément normé. Pendant le confinement dû au coronavirus, une grand-mère racontait à Florence Servan-Schreiber avoir bâti un système de poèmes avec sa petite-fille dans lequel un lien a pu s’établir. « On peut écrire à quelqu’un, pour soi, dans un groupe… »

Laisser une trace après soi dans ses textes

À ceux qui pensent ne pas avoir la légitimité d’écrire, l’auteure rappelle que notamment avec l’âge, on peut se dire que ce qui est écrit reste, en faisant référence au Festival du journal intime : « les journaux intimes quotidiens finissent par avoir une valeur sociale. 30, 50 ans après, on retrace grâce à eux la vie réelle d’une époque. Même ce qui peut paraître anodin peut servir à la postérité sans chercher à ce que ça le soit ».

Et, au-delà de laisser une trace, on écrit avant tout pour soi, « pour se souvenir, car tout passe très vite ». C’est pourquoi la spécialiste recommande de s’y mettre sans tarder, avant d’oublier ses souvenirs. D’autant que « l’écriture demande de la concentration. Elle est totalement indiquée quand la vie est moins turbulente, à la retraite. On a le temps de pouvoir le faire. »

Plaisir d’écriture : petits bonheurs de Florence Servan-Schreiber

« Ecrire des livres m’offre une difficulté joyeuse, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel trouvées dans l’action. Jouer avec la langue française est pour moi une récréation, et une vraie forme d’expression, comme quand je cuisine ou que je brode. Quand je suis pleinement à ce que je fais, j’aime le temps et la concentration que ça demande, et mon moteur reste l’émerveillement suite à mes explorations.

Ecrire des livres, c’est formidable, mais rien de tel que de permettre à d’autres d’essayer, de créer des situations où ils pourraient y goûter. Puis l’atelier d’écriture devient une série vivante, telle une série, où l’on entre dans l’intimité des gens. C’est une belle façon de les rencontrer ».

Remerciements
Merci à Florence Servan-Schreiber, à l’origine de l « Atelier d'écriture pour s'épanouir et kiffer »