Accompagner un proche âgé à bien conduire après 75 ans

Mise à jour le 13 décembre 2022 Accompagner un proche âgé à bien conduire après 75 ans
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Les personnes âgées rencontrent souvent des difficultés pour conduire leur voiture. Avec l’âge, les réflexes de nos proches âgés diminuent, tout comme leur concentration, leur acuité visuelle et auditive. Et elles manquent aussi d’assurance face à l’évolution des conditions de circulation. Les personnes âgées ne veulent cependant pas perdre ce vecteur d’autonomie qu’est la voiture. Voici comment les accompagner pour retrouver confiance et aptitude au volant, ou adapter leurs déplacements.

À lire dans cet article sur la conduite après 75 ans

Conduire après 75 ans : de l’expérience et des difficultés

Vos parents sont âgés mais veulent encore conduire ? Normal, pour les personnes âgées, la conduite d’un véhicule est un facteur d’autonomie et permet de rompre l’isolement en facilitant les trajets. Surtout quand on vit en milieu rural ou dans un secteur mal desservi par les transports en commun.

Mais en vieillissant, la conduite des personnes âgées se fait moins assurée, malgré leur longue expérience de la route. La vision et l’audition ne sont plus aussi bonnes, les réflexes et la concentration diminuent, les mouvements sont moins faciles, ce qui modifie l’aptitude à la conduite. La prise régulière de certains médicaments (anxiolytiques, antidépresseurs, traitements du diabète ou de la maladie de Parkinson) peut avoir aussi des conséquences sur la vigilance avec des risques de somnolence. Et les règles de circulation évoluent régulièrement avec de nouveaux panneaux de signalisation. Tout comme la nature du trafic routier avec par exemple l’apparition des trottinettes électriques et davantage de vélos sur nos chaussées.

La conduite des personnes âgées, et le conditionnement du permis à un examen médical après un certain âge, revient régulièrement sur le devant de l’actualité, chaque fois qu’une personne âgée est mise en cause dans un accident mortel.

Conduire après 75 ans : moins d’accident mais des conséquences plus graves

Contrairement à une idée reçue, nos aînés ont moins d’accident que les autres. Les plus de 65 ans représentent 16,9 % de la population ayant causé un accident de la route, contre 19 % chez les 18-24 ans et 22 % chez les 25-34 ans. En revanche, lors des 10 dernières années, le nombre de tués sur les routes a diminué dans toutes les classes d’âge, sauf chez les plus de 65 ans. Si les plus de 65 ans représentent 25 % des personnes décédées dans un accident de circulation (pour 19 % de la population), c’est parce que le choc a des conséquences plus graves sur les personnes les plus fragiles. Les personnes âgées sont aussi la première classe d’âge parmi les piétons victimes d’accident de la circulation.

En France, le permis de conduire a une durée de validité sans limitation d’âge. Dans d’autres pays, le « papier rose » est prolongé à condition de se soumettre à des examens médicaux à partir de 50 ans (Italie), 60 ans (Portugal), 65 ans (Grèce) et 70 ans (Danemark, Pays-Bas). Il n’existe donc aucune obligation pour un titulaire de repasser son permis ou son code en raison de son âge (sauf en cas de retrait de permis ou de points en raison d’une infraction ou d’un délit). Les propositions de loi pour instituer une évaluation médicale à la conduite pour les plus de 70 ans n’ont jamais abouties.

Conduite après 75 ans : comment apprendre à être plus à l’aise au volant ?

Mais si vous constatez qu’un de vos parents âgés a des difficultés sur la route, vous pouvez l’aider. Et il existe des étapes avant de leur demander de ne plus conduire. « Dans la plupart des cas, il est possible de pallier les déficiences et d’adapter son comportement à ses facultés de conduite. Cela peut passer par une remise à niveau de la conduite, une discussion avec un professionnel de santé, ou l’aménagement de son véhicule », indique la Sécurité Routière dans ses « Conseils aux proches des seniors en difficulté de conduire ».

Votre proche âgé n’est plus trop à l’aise sur la route car il n’a pas conduit depuis longtemps ? Il est possible de vérifier ses aptitudes et lui redonner confiance avec des stages de remises à niveau, et ainsi leur permettre de garder leur autonomie. De nombreuses auto-écoles proposent des formules spécial sénior pour reprendre quelques cours de code de la route voire des cours de conduite pour se familiariser avec les nouvelles réglementations, aux habitudes de mobilité et aux véhicules de nouvelle génération.

Ces formations pratiques montrent aux personnes âgées comment adapter leurs déplacements (éviter la conduite nocturne, aux heures de pointe, les jours de grand départ…). Vous pouvez aussi suggérer à vos proches âgés conducteurs de se plonger de nouveau dans le code de la route et pourquoi pas avec leurs petits-enfants ! Il existe de nombreux sites web qui proposent des exercices pour réviser le code. Votre parent âgé peut ensuite relever le défi de repasser son code dans un centre d’examen agréé comme ceux de La Poste.

Quelques exemples de remise à niveau pour les conducteurs âgés

  • Les auto-écoles ECF proposent une formation de 7 heures sur une journée réservée aux plus de 60 ans. Cette école de conduite permet de réactualiser les connaissances du code de la route, de sensibiliser les participants aux effets de l’avancement en âge sur la conduite (tests de temps de réaction, d’acuité visuelle, de motricité…), présentation des aides à la conduite sur les véhicules.
  • Les assurances auto favorisent également ces stages auprès de leurs adhérents âgés. La Matmut offre gratuitement un stage de perfectionnement à la conduite adapté aux séniors (quiz santé, code de la route…), complété par des exercices en voiture sur un plateau technique.
  • Mobisenior, la plateforme des mobilités pour personnes âgées créé par Automobile Club Association (ACA), regroupe toutes les informations pratiques pour aider les seniors à se déplacer, notamment en voiture : test de capacité, audit de conduite, ateliers gratuits ou payants dans toute la France (code de la route, atelier vélo…). Mobisenior, initiative soutenue par la Délégation à la Sécurité Routière, édite aussi un « guide pour la famille » pour aborder le sujet de la conduite à risque avec les proches âgés.
  • Ardoiz, la tablette pour les seniors de La Poste, a enrichi ses contenus avec une application des éditions Codes Rousseau pour aider les seniors à reprendre le volant. Cette application ludique et animée permet de lever les craintes des personnes âgées face aux dangers de la route.

Et si mon proche âgé ne peut plus conduire en toute sécurité ?

Conduite trop lente, non-respect des panneaux, accrochages réguliers, difficultés à passer les vitesses… Voilà des signes qui peuvent vous alerter sur les capacités de conduire en toute sécurité de votre parent âgé. Mais comment le convaincre de ne plus prendre le volant, sachant que la personne a souvent besoin de sa voiture et se voit comme un bon conducteur ?

Seule une discussion franche avec votre proche permettra de prendre une décision concernant sa conduite. Notamment en parlant de sécurité routière plus que de conduite dangereuse, et surtout en cherchant ensemble d’autres solutions de mobilité (se faire accompagner, co-voiturage entre voisins pour les courts trajets par exemple…).

Si vous avez un doute sur la capacité d’un proche âgé à conduire, n’hésitez pas à lui faire consulter un médecin avec son accord. Si lors de la visite médicale le professionnel observe une affection incompatible avec le maintien du permis de conduire (problèmes cardio-vasculaires, altération visuelle, troubles de l’équilibre, maladie d’Alzheimer, diabète, épilepsie...), il va pouvoir échanger et avertir votre proche des risques liés de sa conduite. Il est ensuite possible de s’adresser à un médecin agréé par la Préfecture qui pourra déterminer si la personne peut continuer à conduire. Il s’agit encore une fois d’une démarche volontaire qui devra se faire en accord avec votre proche.