Personnes âgées : quelles solutions pour bien vieillir à domicile ?

Mise à jour le 5 avril 2022 photo d'un aide soignant avec des personnes âgées
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85% des personnes âgées souhaitent vieillir à leur domicile mais, en cas de perte d’autonomie, ce maintien chez soi peut apparaître parfois bien compliqué. Pourtant, de nombreuses solutions existent pour organiser au mieux le quotidien des seniors. Vers qui se tourner ? Quels aménagements du logement mettre en place ? Quand faire appel à des aides à domicile ? On fait le point avec le Pr Sylvie Bonin-Guillaume, vice-présidente de la Société française de gériatrie et gérontologie.

À lire dans cet article sur le bien vieillir à domicile

Les avantages de la vie à domicile pour les seniors

Ne pas changer ses habitudes de vie, gérer son temps comme bon lui semble, dire bonjour au voisin qu’il connaît depuis plus de trente ans, évoluer dans un cadre de vie réconfortant et sécurisant : vieillir à domicile présente de nombreux avantages pour votre parent âgé. Cela lui permet de conserver tous ses repères, de ne pas rompre le lien social avec ses proches, son voisinage, ni avec ses souvenirs dont son lieu d’habitation est chargé. Autant de paramètres qui vont largement concourir à sa bonne santé mentale et à son moral.

Le médecin gériatre : expert du bien vieillir à domicile

Pourtant, même s’il est largement plébiscité par les personnes âgées, le maintien à domicile doit impérativement s’organiser. « Pour savoir si un maintien à domicile est possible, il faut d’abord s’adresser à son médecin généraliste qui peut, si besoin, en référer à un médecin gériatre. Ce dernier a pour rôle d’envisager la situation dans sa globalité, les pathologies, l’autonomie de la personne, ses capacités cognitives, sa capacité à se déplacer et à organiser son domicile. Ces différents critères permettent de faire des préconisations pour optimiser la possibilité de vie à domicile, notamment sur l’aménagement du logement ou sur le recours aux aides de vie », explique le Pr Sylvie Bonin-Guillaume, professeur de gériatrie aux hôpitaux publics de Marseille et vice-présidente de la Société française de gériatrie et gérontologie.

Aménager son logement pour éviter les chutes

Pour bien vieillir à domicile, l’aménagement du logement est primordial afin qu’il soit sécurisé et sécurisant pour la personne âgée. L’objectif est avant tout d’éviter les chutes qui représentent chaque année 100 000 hospitalisations et plus de 10 000 décès chez les seniors. Une attention toute particulière doit être portée à la sécurité de ses déplacements avec, par exemple, des revêtements de sol antidérapants, une douche de plain-pied ou des lumières automatiques. L’accomplissement de ses gestes quotidiens peut également être facilité si l’on choisit des solutions d’aménagement adaptées, par exemple des toilettes au niveau de la chambre en cas d’étage, des meubles à sa portée ou des barres d’appui pour se relever des toilettes. Des aides financières existent pour vous accompagner dans la rénovation d’un logement en cas de besoin.

Anticiper l’aménagement du logement

Ces adaptations doivent dans l’idéal être anticipées avant la perte d’autonomie afin de limiter les coûts et étaler les dépenses dans le temps. Par exemple, si des travaux doivent être faits dans une pièce alors que votre proche entre dans la soixantaine, il ne faut pas hésiter à évoquer déjà cette idée de bien vieillir à domicile. « Si l’adaptation du logement n’est pas possible et qu’il faut trouver un autre lieu de vie, il faut tenter au maximum de faire en sorte que la personne âgée soit partie prenante et qu’elle participe au choix pour pouvoir s’approprier le nouveau logement. Cette maturation doit se faire assez tôt à un âge raisonnable, plutôt avant 75 ans, car plus on tarde, plus c’est difficile de s’adapter à un nouveau chez soi », conseille le Pr Sylvie Bonin-Guillaume.

Une aide à domicile pour les gestes du quotidien des seniors

Préparation des repas, aide aux courses, à la toilette ou pour s’habiller, ménage, votre parent âgé ou proche en perte d’autonomie peut également avoir besoin d’une aide à domicile pour l’épauler. Selon son degré d’autonomie, une partie du coût financier peut être prise en charge par des aides de sa caisse de retraite, du département ou encore l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) en cas de difficultés pour les actes essentiels de la vie quotidienne. « Il peut être intéressant d’intégrer ce soutien tôt dans la vie, par exemple pour la préparation des repas, car plus on est en difficulté sur son autonomie, plus ce sera compliqué pour la personne de l’accepter », explique le Pr Sylvie Bonin-Guillaume. Cette assistance lui permettra également de maintenir du lien social et rompre son isolement.

L’hospitalisation à domicile pour une prise en charge médicale

Si des soins médicaux ou paramédicaux sont nécessaires, des dispositifs existent pour permettre la prise en charge de votre proche chez lui. Votre médecin traitant pourra vous renseigner sur les diverses possibilités qui existent en matière de services de soins infirmiers à domicile ou d’hospitalisation à domicile.

Les objets high-tech pour les seniors

Enfin, domotique, téléassistance, pilulier connecté pour ne pas oublier ses médicaments ou encore verre à disposition pour éviter la déshydratation : les innovations technologiques pour bien vieillir chez soi sont légion. Pour bien choisir parmi tous les objets high-tech pour seniors sur le marché, il faut avant tout évaluer les besoins de votre parent âgé ou proche en perte d’autonomie. «Ce n’est pas parce que la personne possède une montre connectée que cela évitera ou limitera sa chute. En revanche, cela lui permettra d’appeler plus vite et de prévenir », souligne le Pr Sylvie Bonin-Guillaume.

Accepter de ne pas tout maîtriser

Une fois le logement adapté et les aides humaines organisées, vieillir à domicile implique d’accepter une part de risque non maîtrisable surtout si votre proche vit seul. « Il faut être vigilant à ne pas trop interdire sous prétexte qu’il y a des risques, car sinon la personne âgée va se sentir prisonnière sous cloche. On ne peut pas tout médicaliser ou sécuriser », conclut le Pr Sylvie Bonin-Guillaume.