Maltraitance à domicile : et si mon parent âgé était concerné ?

Mise à jour le 9 février 2021 photo d'une dispute entre une jeune personne et une personne âgée
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Comportements étranges de votre parent âgé qui couvre une aide à domicile défaillante, tentative d’escroquerie, gestes de soin pratiqués machinalement par l’aidant…Les situations de maltraitance à domicile sont plus fréquentes qu’on ne le croit. Explications du phénomène par un psycho-gérontologue et conseils pour agir.

À lire dans cet article sur la maltraitance à domicile

  1. Maltraitance à domicile : de quoi parle-t-on ?
  2. Covid-19 et maltraitance des personnes âgées
  3. Aidant : les gestes (et propos) qui blessent
  4. Protéger son parent âgé, sans tout contrôler

Maltraitance à domicile : de quoi parle t-on ?

La maltraitance des personnes âgées existe en établissement de type Ehpad, mais on rencontre aussi des formes de maltraitance à domicile. Pour Alain Koskas, psycho-gérontologue, président de la Fédération internationale des associations de personnes âgées (FIAPA), « la maltraitance à domicile est tout aussi fréquente et doit alerter celles et ceux qui interviennent auprès des personnes âgées, dont leurs aidants. ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne âgée sur six a été victime de maltraitance dans son environnement en 2019. Elle peut être commise par une aide à domicile, un voisin, un membre de la famille, un inconnu tentant une escroquerie avec abus de faiblesse.

Covid-19 et maltraitance des personnes âgées

La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus a accentué le phénomène de maltraitance des personnes âgées, comme l’indique un rapport des Nations unies de mai 2020. « Depuis le début de la pandémie, le nombre de signalements indique une augmentation des violences faites aux femmes, en particulier par des partenaires intimes, une situation encore aggravée par les conditions de confinement.

Les réponses politiques doivent tenir compte des besoins et des droits des personnes âgées, en particulier des femmes âgées, dont la dépendance à l’égard des membres de la famille pour leur survie et leurs soins quotidiens les rend particulièrement vulnérables à la maltraitance ». Une situation de crise difficile à vivre aussi pour les aidants, parfois livrés à eux-mêmes durant les périodes de confinement, sans relais extérieur. Vous êtes épuisé.e ? Faites-vous aider, par vos proches, des professionnels du grand âge (ou des associations d’aidants), demandez à bénéficier du Droit au répit pour souffler et retrouver des rapports apaisés avec votre parent.

Aidants : les gestes (et propos) qui blessent

Faire ou parler à la place de son parent âgé, ne pas lui demander ce qu’il veut manger, comment il souhaite s’habiller, prendre des décisions le concernant sans le consulter, lui mettre une protection urinaire alors qu’il n’en a pas besoin, etc. Quand la perte d’autonomie de son parent est plus grande, sous le coup de la fatigue, du stress de l’aidant, d’un quotidien lourd à porter, les gestes sont répétitifs, parfois brusques. Des propos comme : « J’en ai marre de toi », « Tu m’agaces », peuvent être prononcés.

« Les aidants portent beaucoup sur leurs épaules et ils ne se rendent plus forcément compte que ce qu’ils font est parfois exagéré, poursuit Alain Koskas. Comme de fermer la porte à clé de son parent sous prétexte qu’il pourrait se sauver ou sous-entendre qu’il/elle est trop âgé(e) pour être de nouveau amoureux, etc. Quand ils dérapent, dans leur comportement ou leurs paroles, la culpabilité des aidants est grande. Il est alors important de ne pas s’oublier soi-même, et de se faire accompagner si nécessaire. ».

Protéger son parent âgé, sans tout contrôler

Il est important d’être présent pour éviter toute forme de maltraitance perpetrée par l’entourage proche ou par des intervenants extérieurs. De dénoncer toute violence physique ou psychologique dont votre parent pourrait être vicitime. « Observer, rester vigilant est essentiel. Mais il ne faut pas sous-entendre non plus que sous prétexte qu’il est âgé, son parent est forcément fragile ou vulnérable et a besoin que je surveille ses comptes bancaires ou que je fasse à sa place. Laissons nos aînés décider en les accompagnant seulement quand c’est nécessaire : pas de surprotection ou de discrimination liée à l’âge ! Attention aussi à notre vocabulaire et aux mots qui font mal. ». Quand vous êtes loin de votre parent, appelez régulièrement, maintenez un lien fort, y compris quand c’est possible par visio avec les petits-enfants.

« Moins une personne âgée est isolée et moins elle risque d’être victime de maltraitance, conclut Alain Koskas ».