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Durée légale d’archivage : ce que dit la réglementation

group de personnes en réunion assises au tour de une table

La maîtrise des durées légales d’archivage est un enjeu stratégique pour toute entreprise : au-delà d’une simple organisation administrative, c’est un levier de performance et de sécurité juridique.

En effet, la conservation des documents est encadrée par un cadre réglementaire strict, qui varie selon la nature des documents, qu’il s’agisse de comptabilité, de fiscalité, de contrats, de ressources humaines ou d’assurances. Chaque type de fichier doit être conservé pendant une durée précise, sous peine de sanctions en cas de contrôle ou de litige.

Respecter ces durées légales permet non seulement de garantir la conformité face aux administrations comme l’URSSAF ou la DGFIP, mais aussi de sécuriser ses droits en cas de contentieux. Pourtant, entre la diversité des règles applicables et l’évolution des pratiques numériques, telles que l’archivage dématérialisé, cette obligation peut rapidement devenir complexe à appréhender.

Alors, quelles sont les durées légales à connaître pour allier efficacité et conformité dans vos processus d’archivage électronique ? Cet article vous guide à travers les obligations réglementaires, détaille les durées par catégorie de documents et vous explique comment un archivage rigoureux peut à la fois protéger votre entreprise et simplifier vos processus.

Qu'est-ce que l'archivage électronique ?

Définition

L'archivage électronique consiste à conserver des documents numériques de manière sécurisée et organisée, tout en garantissant leur intégrité, leur authenticité et leur accessibilité dans le temps.

 

Archivage vs stockage : une différence cruciale

Contrairement à un simple stockage de fichiers, l’archivage électronique répond à des exigences légales strictes et s'inscrit dans une logique de gestion documentaire pérenne.

Plusieurs textes encadrent l'archivage électronique :

  • La loi n°2000-230 (adaptation du droit à l'ère numérique), qui reconnaît la valeur juridique des documents électroniques.
  • Le RGPD, qui impose des règles spécifiques pour les données personnelles, notamment leur durée de conservation limitée au strict nécessaire.
  • Les normes NF Z42-013, NF 461 et ISO 14641, qui définissent les exigences techniques pour un archivage fiable.

Pourquoi respecter les durées légales d'archivage ?

Le respect des durées légales d’archivage est un pilier essentiel de la sécurité juridique et de l’efficacité opérationnelle de votre entreprise, au-delà d’être une obligation administrative. Voici les raisons clés de s’y conformer.

 

Éviter les risques et se protéger juridiquement

Un défaut d’archivage expose à des risques fiscaux (redressements, amendes), sociaux (litiges avec les salariés) ou commerciaux (preuves irrecevables en cas de conflit). Par exemple, les documents archivés à valeur à vocation probatoire peuvent servir de preuves face aux administrations ou en justice. De leur côté, un contrat signé ou un relevé bancaire peuvent constituer un commencement de preuve pour défendre vos droits. Nous y reviendrons un peu plus loin dans l’article.

 

Gagner en productivité

Une gestion organisée des archives (notamment via des outils de GED et de numérisation du courrier) réduit les temps de recherche et sécurise l’accès aux documents. Un atout majeur pour la productivité de vos équipes.

 

Renforcer la crédibilité

Grâce à un archivage maîtrisé, vos clients, partenaires et investisseurs vous perçoivent comme une entreprise fiable, ce qui représente un atout pour la réputation de votre marque.

 

Anticiper les risques

Numériser et centraliser vos documents limite les pertes (incendie, vol) et garantit leur intégrité grâce à l’horodatage.

Les durées d'archivage selon les types de documents/métier

Dans le quotidien d’une entreprise, chaque document, qu’il s’agisse d’un contrat, d’une facture ou d’un bulletin de paie, a une valeur juridique, fiscale ou sociale. Et cette valeur s’inscrit dans le temps. La réglementation impose des durées minimales de conservation qui varient selon la nature du document et les obligations légales associées.

Attention toutefois : si certains documents peuvent être conservés au-delà des délais légaux, ceux contenant des données personnelles doivent être purgés une fois la durée écoulée, conformément au RGPD.

 

Les documents comptables

Les entreprises doivent conserver leurs documents comptables pendant 10 ans à partir de la clôture de l'exercice concerné, conformément à l'article L123-22 du Code de commerce.

Cette obligation concerne :

  • L'ensemble des registres comptables (livre journal, grand livre et livre d'inventaire).
  • Toutes les pièces justificatives (factures clients et fournisseurs, bons de commande et de livraison, contrats de prêt et relevés bancaires).

Cette durée de conservation répond à plusieurs impératifs. D'une part, l'administration fiscale dispose d'un droit de contrôle pendant 6 ans (article L102 B du Livre des Procédures Fiscales) pour vérifier la conformité des documents. D'autre part, ces archives servent de preuve en cas de litige commercial ou de procédure collective. Les associés peuvent également demander à les consulter pendant cette période décennale.

 

Les documents fiscaux

L'administration fiscale impose une durée de conservation minimale de 6 ans pour l'ensemble des documents justificatifs relatifs aux impôts et taxes. Ce délai court à partir de la dernière opération mentionnée ou de la date d'établissement des documents (article L102 B du Livre des Procédures Fiscales).

Cette obligation concerne :

  • Les déclarations et justificatifs de l'impôt sur le revenu (IR) et sur les sociétés (IS).
  • Les documents relatifs aux bénéfices industriels et commerciaux (BIC), bénéfices non commerciaux (BNC) et bénéfices agricoles (BA).
  • Les éléments concernant la TVA et autres taxes sur le chiffre d'affaires.
  • Les documents relatifs à la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) et à la CVAE.
  • Les justificatifs des impôts directs locaux (taxe foncière, etc.).

Attention ! Vous devez parallèlement veiller à archiver les preuves de paiement des différents impôts, qui constituent des justificatifs essentiels en cas de contrôle.

 

Bon à savoir

Le droit à l’oubli, inscrit dans l’article 17 du RGPD, impose aux entreprises de ne pas conserver indûment des données personnelles. En cas de non-respect, les sanctions peuvent atteindre jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial.

Il est donc essentiel d’archiver les documents pour la durée légale prévue, puis de mettre en place des mécanismes de purge une fois ce délai écoulé. L’archivage électronique facilite grandement cette gestion, en automatisant les règles de conservation et de suppression.

 

Les documents RH

Les entreprises doivent respecter des délais stricts pour l'archivage des documents relatifs aux ressources humaines, l'inspection du travail pouvant demander à consulter ces documents pendant les délais légaux.

Ces durées varient selon la nature des documents et sont fixées par le Code du travail et le Code civil. Voici les principales obligations :

  • Les contrats de travail et documents associés doivent être conservés 5 ans après le départ du salarié (article L1221-26 du Code du travail). Cette durée s'applique également au registre unique du personnel et aux bulletins de paie.
  • Les documents sociaux et fiscaux (charges sociales, taxe sur les salaires) ont une durée de conservation de 3 ans (article L244-3 du Code de la sécurité sociale).
  • Les horaires et temps de travail doivent être archivés pendant 1 an pour les horaires classiques et 3 ans pour les conventions de forfait (article D3171-16 du Code du travail).
  • Les bulletins de paie électroniques doivent être conservés, et à disposition du salarié, 50 ans ou jusqu'aux 75 ans dudit salarié pour permettre la constitution des droits à la retraite.
  • Les documents relatifs aux accidents du travail (déclarations, certificats médicaux) doivent être gardés 5 ans, voire indéfiniment en cas de risque de rechute.
L’archivage électronique : clé de la sécurité et de l’efficacité en entreprise

Guide l’archivage électronique : cadre réglementaire en vigueur, cas d’usage et conseils pratiques.

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Les documents bancaires et relatifs aux assurances

Les entreprises doivent conserver pendant 5 ans leurs relevés bancaires, talons de chèques, ordres de virement et autres justificatifs de transactions (article L110-4 du Code de commerce).

De leur côté, les contrats d'assurance et leurs documents annexes (quittances, avis d'échéance) doivent être conservés pendant 2 ans après leur expiration (article L114-1 du Code des assurances). Pour les dossiers de sinistres corporels, la durée passe à 10 ans à partir de la consolidation du dommage (article 2226 du Code civil). Toutefois, en cas de séquelles prévisibles après un sinistre corporel, il est recommandé de conserver les documents au-delà du délai légal.

 

Les contrats commerciaux

Les délais légaux de conservation des contrats commerciaux varient selon la nature des documents.

Ainsi, les contrats courants entre professionnels s'archivent pendant 5 ans après la fin de la relation commerciale, conformément à l'article L110-4 du Code de commerce. Cette prescription s'applique également à l'ensemble de la correspondance commerciale associée.

Les contrats électroniques conclus avec des consommateurs pour des montants supérieurs à 120€ doivent quant à eux être conservés pendant 10 ans à compter de la livraison ou de la prestation, selon les dispositions du Code de la consommation.

Pour les transactions immobilières, la durée d'archivage atteint 30 ans, en application de l'article 2227 du Code civil.

Les autres documents contractuels suivent des règles spécifiques :

  • Les garanties commerciales : 2 ans ;
  • Les dossiers douaniers : 3 ans ;
  • Les documents de propriété intellectuelle : 5 ans après la fin de la protection ;
  • Les dossiers d'avocat : 5 ans après le mandat.

     

Bon à savoir

Ces délais peuvent être prolongés en cas de contentieux, jusqu'au règlement définitif du litige. De plus, les preuves d'exécution (factures, bons de livraison) doivent suivre le même cycle de conservation que les contrats eux-mêmes.

Le tableau récapitulatif des durées d’archivage

 

Catégorie de documents 

 

Durée de conservation 

Textes de référence 

Remarques importantes 

Livres comptables (journal, grand livre) 

10 ans 

Art. L123-22 Code commerce 

À partir de la clôture de l'exercice 

Pièces justificatives (factures...) 

10 ans 

Art. L123-22 Code commerce 

-  

Déclarations fiscales (TVA, IS, IR) 

6 ans 

Art. L102 B LPF 

Délai de reprise de l'administration 

Justificatifs de paiement d'impôts 

6 ans 

Art. L102 B LPF 

-  

Contrats de travail 

5 ans après départ 

Art. L1221-26 Code travail 

-  

Bulletins de paie 

5 ans (50 ans version électronique) 

Art. L3243-4 Code travail 

Pour calcul des retraites 

Dossiers accidents du travail 

5 ans (voire indéfiniment) 

Art. D4711-3 Code travail 

En cas de séquelles potentielles 

Statuts de société 

5 ans après radiation 

Art. 2224 Code civil 

-  

PV d'assemblées 

5 ans 

Art. 2224 Code civil 

-  

Contrats commerciaux 

5 ans après fin relation 

Art. L110-4 Code commerce 

-  

Contrats électroniques (>120€) 

10 ans 

Code consommation 

Protection consommateur 

Contrats immobiliers 

30 ans 

Art. 2227 Code civil 

-  

Relevés bancaires 

5 ans 

Art. L110-4 Code commerce 

-  

Contrats d'assurance 

2 ans après résiliation 

Art. L114-1 Code assurances 

-  

Dossiers sinistres corporels 

10 ans après consolidation 

Art. 2226 Code civil 

-  

 

 

Quels sont les risques et pénalités en cas de non-respect ?

Le défaut de conservation des documents dans les délais légaux vous expose à des conséquences financières, juridiques et réputationnelles potentiellement graves.

 

Des sanctions fiscales en cas de contrôle

Sur le plan fiscal, l'absence de documents comptables ou justificatifs lors d'un contrôle peut entraîner des redressements substantiels. L'administration applique par exemple une taxation d'office avec majoration pouvant atteindre 80% en cas de mauvaise foi ! Les amendes administratives pour défaut de présentation des pièces comptables peuvent quant à elles s'élever jusqu'à 25 000 euros.

 

Des risques juridiques

Sur le terrain juridique, la destruction prématurée d'archives prive l'entreprise de moyens de preuve essentiels. En cas de litige commercial par exemple, vous pourriez devoir régler des sommes déjà payées si vous êtes dans l'impossibilité de produire un contrat ou des factures. Pour les contentieux sociaux, l'absence de bulletins de paie ou de contrats de travail expose à des sanctions pouvant atteindre 3 750 euros par salarié concerné et jusqu’à 7 500 d’euros en cas de récidive.

 

Un impact sur la réputation de l’entreprise

Enfin, l'impact sur la réputation est à prendre en considération : vos partenaires commerciaux et financiers tendent à rester prudents face à une entreprise qui maîtrise mal ses archives. Résultat, vous pourriez avoir des difficultés à obtenir des financements ou à conclure des marchés importants.

L’impact de l'archivage électronique dans la transformation digitale

Parce qu’il permet des gains opérationnels majeurs, l’archivage électronique s'impose comme un pilier stratégique de la digitalisation des entreprises. En remplaçant les archives physiques par des solutions numériques sécurisées, vous réduisez les coûts de stockage, accélérez les processus métiers et optimisez les temps de recherche documentaire.

Intégré aux systèmes d'information, l'archivage électronique devient ainsi un maillon clé de votre transition numérique, et participe activement à la modernisation de votre entreprise. Par ailleurs, en plus de sécuriser vos données sensibles contre les risques de perte ou de falsification et de garantir votre conformité réglementaire, cette évolution s'inscrit dans la continuité de nouvelles obligations légales, comme l’obligation de facturation électronique dès 2026.

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