Mon proche très âgé est en situation précaire : comment l’aider financièrement ?

Mise à jour le 20 septembre 2022 Mon proche très âgé est en situation précaire : comment l’aider financièrement ?
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Une grande majorité des personnes âgées a vu ses revenus moyens progresser depuis 25 ans. Mais de plus en plus de seniors rencontrent d’importantes difficultés financières ou basculent dans la pauvreté. Le géographe et spécialiste du vieillissement des populations Christian Pihet nous explique ce phénomène « minoritaire, mais préoccupant ». Voici les aides dont peuvent bénéficier vos proches âgés en difficulté.

À lire dans cet article sur les aides financières pour personnes âgées

Quelles sont les ressources financières des personnes âgées

Selon l’Insee, les revenus moyens des plus de 65 ans en France sont passés de 19 940 euros par an en 1996 à 25 530 euros en 2018. L’arrivée à la retraite de générations ayant connu le plein emploi et l’accès aisé à la propriété explique cette hausse. Mais derrière ces chiffres se cache un autre phénomène.

Selon une étude publiée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS), 1,4 million de personnes âgées de 53 à 69 ans étaient en 2015 sans emploi ni retraite, soit 11 % des personnes de cette classe d’âge. Elles ont un revenu médian de 1 270 euros par mois, mais un tiers d’entre elles vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 1015 euros par mois. Et sans les diverses aides publiques, 45,6 % de ces seniors seraient sous le seuil de pauvreté.

L’entraide familiale : aider financièrement ses parents âgés

Le premier système d’aide est bien souvent l’entraide familiale : les enfants assistent financièrement leur parent âgé ou l’hébergent à leur domicile. Le législateur a choisi de soutenir cette entraide avec des déductions fiscales. Si vous hébergez gracieusement un parent âgé, vous pouvez déduire une somme correspondant à l’hébergement et à la nourriture au titre des pensions alimentaires.

Si votre parent âgé hébergé à votre domicile est titulaire d’une Carte mobilité Inclusion (CMI Invalidité) ou d’une carte d’invalidité, vous avez le droit à une part supplémentaire sur votre déclaration de revenus. Vous pouvez également bénéficier d’un abattement sur votre taxe d’habitation.

Enfin si vous participez aux frais d’hébergement en Ehpad, vous pouvez déduire cette somme au titre de la pension alimentaire.

« L’entraide familiale, qui a longtemps été un axe fort du bien vieillir en France, se heurte aujourd’hui à deux freins : la mobilité professionnelle des enfants qui les éloignent de leur parent âgé et la forte médicalisation de la dépendance. Il devient difficile aujourd’hui d’héberger un parent très âgé », relève Christian Pihet.

Quelles aides financières spécifiques pour les seniors en précarité ?

Il existe de nombreuses formules d’aides en cas de faibles ressources des personnes âgées.

  • ASPA : allocation de solidarité aux personnes âgées
  • L’ASPA est une prestation mensuelle accordée aux retraités ayant de faibles ressources et qui ont peu cotisé à l’assurance vieillesse. Versée par la caisse de retraite (Carsat, MSA…), son montant varie selon la situation familiale (seul ou en couple). Connue autrefois sous le nom de « minimum vieillesse », l’ASPA sert à porter les ressources de l’assuré au montant du plafond de ressources qui s’élève en 2022 à 916,78 € par mois pour une personne seule (1 423,31 € par mois pour un couple).

    Cette allocation n’est pas automatique. Il faut en faire la demande auprès de sa caisse de retraite. Cette aide peut être reprise sur la succession du bénéficiaire après son décès. Ce qui explique que la moitié des personnes seules ayant droit à l’ASPA n’y ont pas recours (selon une étude de la DREES), soit environ 300 000 personnes qui se privent d’environ 205 euros mensuels en moyenne.


  • L’Allocation simple d’aide sociale pour les personnes âgées
  • Il s’agit d’une prestation versée par l’État aux personnes âgées percevant des ressources modestes et ne bénéficiant pas d’une pension de retraite. L’allocation simple est à demander auprès du CCAS de la mairie du lieu de résidence. Il faut être âgé de 65 ans, avoir des ressources inférieures à 916,78 euros pour une personne seule (1423,31 pour un couple), ne pas percevoir de pension de retraite, ne pas être bénéficiaire de l’ASPA.


  • L’allocation personnalisée d’autonomie (APA)
  • Si votre proche est dépendant et âgé de plus de 60 ans, l’allocation personnalisée d’autonomie lui permet de financer son maintien à domicile ou le tarif dépendance de son Ehpad. L’APA sert à régler les heures d’aide ou de garde à domicile, finance un service de livraison de repas, une téléalarme, des travaux d’adaptation du logement, achat d’un fauteuil roulant ou d’un lit médicalisé. Le montant de l’allocation varie en fonction du degré d’autonomie de votre proche, établi par une équipe médico-sociale qui va mettre en place un « plan d’aide personnalisé ». La demande d’APA est à effectuer auprès du conseil départemental du lieu de résidence.


  • L’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI)
  • Cette aide financière est destinée aux personnes invalides à faible revenus et qui n’ont pas encore atteint l’âge requis pour prétendre à l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA). Pour en bénéficier, il faut déjà que votre proche perçoive une pension d’invalidité, une pension de retraite anticipée pour handicap, carrière longue ou pénibilité ou une pension de réversion. Pour une personne seule, l’ASI complète les revenus jusqu’à 814,40 euros par mois. L’ASI est versée chaque mois par la sécurité sociale ou la MSA pour ceux qui dépendent du régime agricole.


  • D’autres aides financières que peuvent mobiliser les personnes âgées précaires
  • Les personnes âgées en situation précaire peuvent également mobiliser d’autres aides comme l’Allocation de solidarité spécifique (pour les demandeurs d’emploi) ou le Revenu de solidarité active (RSA).

Les aides financières au logement pour les personnes âgées

Les personnes âgées peuvent bénéficier de deux aides au logement, qui ne sont pas cumulables. Elles peuvent être mobilisées si votre proche est locataire, hébergé chez des accueillants familiaux ou au sein d’un établissement (Ehpad, unité de soins de longue durée ou Résidence autonomie).

  • L’aide personnalisée au logement (APL) : elle est versée uniquement si le logement ou l’établissement est conventionné, et dépend des ressources et du montant du loyer, et du lieu de résidence.
  • L’allocation de logement sociale (ALS) : pour les autres logements.

Ces deux aides sont à demander auprès de la Caisse d’allocation familiale ou de la Mutuelle sociale agricole.

« Le logement est aujourd’hui un facteur de précarisation. Beaucoup de personnes âgées sont propriétaires de logements trop grands et souvent difficiles à entretenir ou rénover avec une petite retraite. Et un hébergement en Ehpad pour les personnes très âgées coûte en moyenne 3 000 euros par mois », indique Christian Pihet.

Des aides financières pour la vie quotidienne des seniors

Les mairies et les Centres communaux d’action sociale accompagnent les personnes âgées en difficulté financière.

  • Aide-ménagère
  • Les personnes âgées avec de faibles ressources, vivant dans leur propre logement mais ayant des difficultés dans les tâches ménagères, ont droit à une aide financière pour rémunérer une aide à domicile. Il faut être âgé de 65 ans (ou 60 ans pour les personnes reconnues inaptes au travail), ne pas pouvoir prétendre à l’APA et disposer de moins de 916,78 euros par mois pour une personne seule (1 423,31 € pour un couple).


  • La prise en charge des repas
  • Si votre proche âgé à faible ressource n’est plus en mesure de préparer ses repas, il est possible de lui faire bénéficier de la prise en charge de ses repas, livrés à domicile ou disponibles dans un foyer-restaurant.

D’autres organismes à solliciter pour obtenir des aides financières pour les personnes âgées

  • L’assurance maladie : les personnes âgées à faibles ressources peuvent bénéficier de la Complémentaire santé solidaire (anciennement CMU).
  • Les caisses de retraite : elles proposent à leurs affiliés en difficulté des aides financières et matérielles pour le maintien à domicile.
  • Les organismes de complémentaire santé : dans le cadre de leur politique d’action sociale, elles peuvent aider leurs adhérents à faire face à des dépenses exceptionnelles comme lors de la perte d’autonomie (aide à domicile, achat de matériel…).
  • Les CLIC : vous pouvez trouver dans chaque département un ou plusieurs Centre local d’information et de coordination (CLIC) en faveur des personnes âgées. Ces points d’information s’adressent aux personnes âgées et à leurs proches pour faciliter l’accès à leurs droits. Les CLIC peuvent vous accompagner dans vos démarches pour les demandes d’aides financières.