Pourquoi les personnes âgées dorment-elles moins bien ?

Mise à jour le 16 mars 2021 photo d'une personne âgée qui dort
Imprimer l'article Envoyer par email

Les personnes âgées disent souvent qu’elles dorment moins bien. Votre parent s’endort difficilement, il se réveille en pleine nuit ou se lève à l’aube ? On fait le point avec un médecin gériatre sur les modifications physiologiques du sommeil liées à l’avancée en âge.

À lire dans cet article sur le sommeil des personnes âgées

  1. Plaintes du sommeil des personnes âgées
  2. Sommeil des personnes âgées : ce qui change
  3. Les pathologies du sommeil
  4. Troubles du sommeil : quand consulter ?
  5. Sommeil et médicaments : attention !
  6. Comment retrouver le sommeil naturellement ?

Plaintes du sommeil des personnes âgées

« Les plaintes du sommeil chez les personnes âgées qui dorment moins bien sont fréquentes, mais il faut savoir différencier les plaintes du sommeil en rapport avec les modifications du sommeil liées à l’âge qui sont moins graves, et celles en rapport avec les maladies du sommeil, tient à rassurer le docteur Kiyoka Kinugawa-Bourron, gériatre à l’Assistance publique, hôpitaux de paris (APHP) et membre de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG). Les principales plaintes du sommeil des personnes âgées qui dorment moins bien sont :

  • Des difficultés d’endormissement
  • Des réveils nocturnes fréquents
  • Une heure de lever très matinale
  • Des mouvements du corps qui perturbent le sommeil
  • Un sommeil de courte durée
  • Le sentiment d’un sommeil non récupérateur
  • Des ronflements importants, pauses respiratoires (évocateurs d’apnées du sommeil) »

Sommeil des personnes âgées : ce qui change

Le temps de sommeil nécessaire sur 24h ne change pas avec l’âge. Ceux qui ont besoin de 8 heures de sommeil pour être en forme le lendemain à l’âge de 20 ans auront besoin de la même durée de sommeil à l’âge de 70 ans ou de 80 ans. « La quantité de sommeil ne varie pas, mais la physiologie du sommeil change après 65 ans, poursuit le docteur. Le sommeil des personnes âgées devient un sommeil polyphasique. C’est à dire que le temps de sommeil d’une journée de 24 heures sera réparti, fractionné en plusieurs périodes (nuit + sieste(s)). Le sommeil est également décalé avec une avance de phase : envie de dormir plus tôt, avec un lever plus tôt. Le sommeil devient plus léger chez la personne âgée avec moins de sommeil profond, phase de sommeil plus réparatrice. Elle est plus sensible aux réveils nocturnes, dort moins profondément. ».

Les pathologies du sommeil

Lors de la phase de sommeil paradoxal (celle durant laquelle nous rêvons), le cerveau est éveillé, mais notre corps ne bouge pas. « Chez les personnes âgées atteintes du trouble du comportement en sommeil paradoxal, fréquemment associé avec la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy, il y a une lévée d’inhibition des muscles et la personne bouge comme si elle vivait réellement les rêves, explique le docteur Kinugawa-Bourron. Bouger la nuit n’est pas obligatoirement synonyme de cette maladie, mais cela peut être une piste à explorer. Les ronflements importants et les pauses respiratoires peuvent être des signes d’apnées du sommeil, plus fréquentes chez les personnes âgées. Le conjoint ou l’aidant peuvent profiter d’une sieste pour observer ces pauses. D’autres pathologies comme l’arthrose ou des douleurs chroniques peuvent aussi altérer la qualité du sommeil ».

Troubles du sommeil : quand consulter ?

Tout est question de fréquence, d’intensité et de retentissement sur l’état de santé général. Si votre parent âgé dit qu’il se réveille la nuit, se lève très tôt, mais reste malgré tout en forme, tout va bien, il faut essayer de comprendre ce qui le gêne. « Certains patients me disent : « Je me réveille à 5 heures du matin, c’est tôt » Oui, mais s’ils se couchent à 20 heures, et qu’ils dorment effectivement 9h, sans ruminer d’idées noires à 5h du matin, rien d’anormal ! », rappelle le docteur. Si ces problèmes de sommeil perturbent en revanche le quotidien, que votre parent est somnolent durant la journée malgré une sieste ou qu’il met des heures à s’endormir chaque soir, il peut être utile de consulter un médecin.

Sommeil et médicaments : attention !

« Certains médicaments peuvent affecter le sommeil, comme par exemple les diurétiques qui vont donner envie d’aller aux toilettes en pleine nuit, on peut dans ce cas voir si la prise peut être décalée le plus tôt possible dans la journée. Un traitement contre les troubles du sommeil doit être prescrit avec parcimonie, pas en première intention et de manière très surveillée, sur de courte durée. Prendre des somnifères ou un médicament pour dormir chaque soir pendant des années, ce n’est pas normal ! Cela entraîne une dépendance, des effets secondaires comme des troubles de concentration avec un risque de chutes. ».

Comment retrouver le sommeil naturellement ?

Pour aider votre parent à mieux dormir et à retrouver le sommeil naturellement, vous pouvez :

  • Chercher à savoir si quelque chose perturbe votre parent et peut avoir un impact sur son sommeil, comme des signes de dépression (tristesse, rumination d’événements douloureux au petit matin)
  • Vérifier que la température de la chambre soit confortable, pas trop chaude, ni trop froide (entre 18 °C et 19 °C).
  • Supprimer les sources de gêne (bruits, lumières d’appareils électriques en veille qui ne permettent pas l’obscurité).
  • Inciter à la pratique d’une activité physique car elle peut avoir un véritable effet positif sur la qualité du sommeil, tenter la méditation, mettre en place une routine et adapter ses temps de veille et de sommeil.
  • Suggérer de récupérer une nuit difficile par des périodes de courtes siestes durant la journée (trente minutes à une heure). Éviter les siestes trop longues et trop tardives dans la journée.
  • Rappeler d’éviter la prise de repas trop riches le soir, d’excitants comme le café ou l’alcool, de regarder la télévion/smartphone/ordinateur juste avant de s’endormir.