Covid-19 et aidant familial : comment protéger nos aînés ?

Mise à jour le 21 avril 2020    -   en partenariat avec HIZY comment protéger les personnes âgées
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En cette période de pandémie et puisque chacun peut être porteur, comment prendre soin de son parent âgé et limiter les risques de transmission du virus tout en continuant de l’aider au quotidien ? Entre protection, distanciation et pédagogie, l’éclairage de Stéphanie Garreta, directrice de l’association PAPAVL MAD/SP, structure lyonnaise de maintien à domicile.

L’alimentation de la personne âgée : la base !

Bien se nourrir est un pilier central du maintien de l’état de santé, il devient essentiel pour une personne âgée. Le repas doit également être un moment de plaisir qu’il est d’autant plus important de préserver en cette période de confinement.

Cependant, le repas est un moment à haut risque de transmission. Raison pour laquelle ce volet requiert vigilance et remise en question des habitudes. Les auxiliaires de vie observent des protocoles précis, qu’il est bon de s’imposer à soi, aidant familial, au contact de son proche.

Les courses des personnes âgées : moins souvent !

La recommandation de base est de limiter au maximum les interactions avec l’extérieur. La directrice de l’association PAPAVL MAD/SP, Stéphanie Garreta, recommande de se faire livrer à domicile quand cela est possible. Cela évite à la personne âgée ou à soi-même de prendre le risque de contracter le virus dans les files d’attente ou dans les rayons des magasins. « Et quand cela est possible, demander que les courses soient déposées sur le palier. »

Si l’on ne peut pas se faire livrer, il faut faire des courses un peu plus importantes. « Sans faire de stocks car nous ne sommes pas en pénurie, et acheter en plus grande quantité pour tenir idéalement une semaine et limiter les contacts ».

Stéphanie Garreta déconseille vivement le recours à l’usage de la javel dans le cadre alimentaire et domestique. Le nettoyage des surfaces se fait à l’aide de produits de nettoyage et désinfectants classiques. Avant de ranger les courses, elle préconise de jeter les emballages carton ou plastique, et de rincer ce qui peut l’être, à l’eau, avant de se laver les mains.

Faire à manger : les gestes barrières et réflexes anti-virus

Les gestes barrières principaux auquel ont recours les auxiliaires de vie sont la distanciation et le port du masque pendant la préparation du repas. Chez les personnes aidées porteurs du Covid-19, le matériel est plus conséquent : charlotte, lunettes, blouse, tablier, sur-chaussures, « une tenue essentielle pour protéger mes salariées », explique Stéphanie Garreta, et in fine pour éviter que le virus ne se propage entre les bénéficiaires.

Pour le repas en lui-même, « il vaut mieux cuire ce qui peut l’être », puisque, comme le rappelle la directrice, « le virus ne résiste pas à une chaleur supérieure à 60°C ». Si la crise actuelle n’est pas propice à l’achat quotidien de produits frais, l’apport en fibres et en vitamines peut se trouver dans les boîtes de conserve et les surgelés, le temps du confinement.

Puis, « évitez de laisser la vaisselle sale. On ne réutilise pas ses couverts de la veille, on ne laisse pas traîner de nourriture… Les règles d’hygiènes alimentaires doivent être observées strictement ». Les surfaces type plan de travail doivent être désinfectées à chaque repas. Pour ceux qui ont cet équipement, l’usage systématique du lave-vaisselle est une bonne chose.

Tout comme pour la toilette, éviter le face-à-face, quand on accompagne une personne pendant son repas ou qu’on aide à manger.

Et surtout, pendant cette période, malgré la perte de repères, Stéphanie Garreta insiste : « il est important d’observer le même régime alimentaire », autant que possible – elle pense notamment aux régimes pour diabétiques, aux régimes sans sel… Cela demande que l’aidant soit bien au fait des habitudes alimentaires de son proche.

Se concentrer sur les interventions essentielles

Quand on bénéficie d’un service d’aide à domicile, il faut rationaliser les interventions, et se limiter aux visites essentielles, ce qui signifie renoncer à un grand nombre d’heures de ménage hebdomadaire par exemple. Lors d’une collaboration aide à domicile / aidant familial, l’aidant peut faciliter cette intervention. Il peut notamment veiller à ce que des serviettes jetables soient à disposition pour que l’auxiliaire se sèche les mains.

Sans aide à domicile aussi, il faut revoir les priorités. Pourtant, Stéphanie Garreta rappelle que, dans certaines situations, pour les personnes isolées, les «visites de convivialité » doivent être considérées comme essentielles. Il s’agit de maintenir le lien social et de s’assurer que tout va bien, à raison d’une fois par semaine quand la personne est seule ». Si on ne peut pas aller voir aussi souvent son parent âgé, on peut mettre en place des veilles par des voisins, des proches… Car il faut de la distance sociale sans couper le lien social !

Être aidant, c’est être conscient des risques tout le temps

Ne pas propager le virus, ce n’est pas être vigilant uniquement lorsqu’on est chez son proche âgé, mais tout le temps, avant et après la visite à domicile. « Il faut limiter ses déplacements en transport en commun, comme font les auxiliaires de vie à qui on demande de faire leur tournée à pieds quand c’est possible ». Dans le même but, elles laissent une blouse au domicile du bénéficiaire. Elle sera lavée sur place et ne sortira pas de l’appartement du senior. « On leur demande aussi, au quotidien, d’observer systématiquement les 1m50 de distance sociale ». Et ce dans la durée : « Au départ il y avait la dimension habitude - il fallait changer de façon de faire. Maintenant il faut faire face à la dimension lassitude », relate la directrice de l’association PAPAVL MAD/SP.

Communiquer avec la personne âgée : l’informer sans la paniquer

Pour que la personne âgée comprenne les protocoles en place, il faut expliquer, réexpliquer. « Nos salariées se retrouvent parfois face à des personnes âgées qui n’aiment pas qu’elles portent des masques, insistent pour qu’on vienne faire le ménage 6 heures par semaine… et elles doivent justifier la raison des changements ». Un discours qui vaut aussi pour soi : il faut être capable de s’adapter, d’adapter son discours en fonction des évolutions de la maladie, des recommandations sanitaires et de la recherche…

Merci à Stéphanie Garreta, directrice de l’association PAPAVL MAD/SP à Lyon (ainsi qu’à toutes les auxiliaires de vie et responsables de secteur de la structure), également directrice de Soins et santé, service d’hospitalisation à domicile.