Bien manger, pour soi… et pour la planète

Mise à jour le 4 novembre 2019
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Si bien sélectionner ses produits rime logiquement avec équilibre et qualité de l’alimentation, les choix que nous faisons sont aussi révélateurs de notre façon de préserver l’environnement. Porte-parole du réseau des Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne en Île-de-France (AMAP), Maud Granger Remy nous explique comment aller dans ce sens. Des bonnes pratiques à inculquer aux séniors !

VSMP : Où conseilleriez-vous à nos lecteurs et leurs parents de faire leurs courses ?

M.G-R : « Je ne vais pas vous surprendre en vous disant qu’une AMAP me semble être la solution d’approvisionnement le plus vertueuse. Le concept ? Un partenariat passé entre un groupe de « mangeurs » - une cinquantaine en moyenne - et une ferme, les deux parties s’engageant réciproquement, avec un préfinancement d’un côté, et une production assurée tout au long de l’année de l’autre. Participer à ce système, c’est soutenir les producteurs locaux et faire en sorte qu’ils travaillent dans des conditions décentes pour offrir de la qualité. C’est aussi accepter de changer ses habitudes en se déplaçant pour venir chercher un panier de saison hebdomadaire plutôt que de se rendre dans le supermarché le plus proche. Dernier argument, et pas des moindres : les AMAP permettent de (re)tisser du lien social, de redynamiser certains villages. Il n’est pas rare de voir que les personnes qui s’y rencontrent finissent par prendre des initiatives ensemble ».

VSMP : Quelles sont les alternatives pour ceux qui n’ont pas la possibilité de s’approvisionner dans une AMAP ?

M.G-R : « Les Biocoop ont un fonctionnement social juste avec des salariés qui sont coopérateurs : pas de chef, tous sont en quelques sorte patrons et disposent d’autonomie. Cette chaîne de distribution qui privilégie les filières courtes et assure une rémunération juste représente donc une bonne option. On peut également citer les magasins de producteurs, qui s’associent sur un lieu pour vendre en direct et sans intermédiaire. Les marchés ? Il faut parfois creuser. Aujourd’hui, il est en effet de plus en plus compliqué de connaître la provenance des produits. Il faut donc savoir si oui ou non, on a vraiment affaire à un producteur ».

VSMP : Vers quels types de produits faut-il s’orienter ?

M.G-R : « Là encore, le grand principe, c’est la provenance. Savoir d’où un produit vient, c’est savoir s’il est vertueux. Ce produit, il faut également l’accepter tel qu’il est, de la pomme que l’on adore au légume dont on ne connaît même pas le nom et qu’il faut laver et éplucher. Ce côté brut doit être un sacerdoce. On préférera par exemple acheter des tomates pour cuisiner son propre coulis, se rendre chez un artisan pour choisir ses fromages, éviter les légumes ayant vu le jour grâce à des intrants chimiques ou pesticides, ainsi que les viandes chargées en antibiotiques ».

VSMP : Quelles sont les autres raisons pour lesquelles il faut à la fois veiller au lieu d’achat et à ce qui y est produit ?

M.G-R :« La santé, tout d’abord. Nous avons aujourd’hui la preuve que tout un tas de maux et de maladie, notamment chez les paysans, ont pour origine ce que nous mangeons ou la façon dont nous le produisons. Il s’agit également de prendre soin de notre planète. Avoir des sols en bonne santé, c’est se retrouver avec un panier de produits qui le sont également. Du côté des moyens mis en place, les producteurs qui s’émancipent de la pétrochimie et privilégient une mécanisation minimale, mettent en place des systèmes de recyclage ou utilisent des moteurs électriques (…) contribuant à produire moins de gaz à effet de serre. Et n’oublions pas les déchets, qui sont limités voire inexistants lorsque l’on va remplir son panier chez un fermier… Choisir ses produits en fonction de tous ces éléments, aujourd’hui et plus que jamais, constitue un véritable acte citoyen ».